Aussi contradictoire que cela puisse paraître, s’engager dans une thérapie de couple, c’est emprunter un chemin vers soi et ses émotions. C’est un engagement auprès de soi-même.

C’est s’engager à être plus attentif à regarder, écouter, entendre… ce qui se passe en soi.

C’est mettre son énergie dans l’écoute de soi.

Dans le cadre d’une relation de couple, comme dans toute relation, nos émotions – comme la colère, la jalousie ou la tristesse – sont déclenchées par des interactions avec l’autre. Mais leur origine se trouve toujours en nous-même. Comprendre ce processus est une étape essentielle. La thérapie de couple s’offre alors comme un chemin vers soi et ses émotions.

Repérer ce qui est touché en soi

Quand nous vivons une émotion qui nous paraît désagréable, l’impasse est de vouloir que l’autre change afin de nous éviter de vivre cette émotion. Mais une autre impasse est que l’autre nous comprenne.

Dans la thérapie de couple on saisit peu à peu qu’il n’y a que soi-même qui peut comprendre soi-même,

aimer soi-même,
consoler soi-même,
entendre soi-même…
avant de pouvoir enrichir le couple de soi-même par le partage avec l’autre.

Le processus thérapeutique permet d’explorer les mécanismes inconscients qui façonnent nos réactions, d’entendre ce qui, dans notre histoire, influence nos émotions dans le couple.

Aussi longtemps que je ne m’écoute pas, je ne me connais pas. Aussi longtemps que je ne me connais pas, je ne peux pas me faire connaître à l’autre. Aussi longtemps que je ne me connais pas, je vis l’épreuve de la frustration sur le mode de la projection sur l’autre.

Aussi longtemps que je ne m’écoute pas moi-même, j’attribue à l’autre l’origine de mes émotions.

Pourquoi cela ? Si je réagis à un mot dit par l’autre, mon émotion monte juste après que l’autre a prononcé le mot et je lui en attribue chronologiquement l’origine : c’est parce que tu as dit tel mot que je me suis mis en colère.

Le couple, c’est un moi-même + un autre moi-même: la somme est différente de 1

Or la colère est une émotion qui est bien en moi.

C’est ma configuration interne qui s’organise en colère à la perception de ce mot, ce n’est pas la situation extérieure.

Mais pour se connaître et s’écouter, il faut d’abord du temps et un espace sécurisé. C’est ce que la thérapie de couple propose : un lieu pour ralentir, pour observer au microscope et au ralenti ses émotions, ses sentiments, ses réactions. En un mot pour apprendre à se connecter à soi.

Sinon l’impasse toxique se crée : chacun attribue à l’autre l’émotion qu’il est lui-même en train de vivre. C’est un dialogue de sourds parce que ce qui est vécu (l’émotion) à l’endroit où c’est vécu (en soi) n’est jamais écouté. On met son énergie sur ce que fait l’autre ou sur ce qu’il dit, et on n’a plus d’énergie pour s’écouter soi-même.

Or tout ce que vous vivez se passe en vous-même.

Ce qui reçoit la parole de l’autre, c’est vous-même.

Ce qui fait l’expérience de l’insécurité ou de la jalousie ou du rejet, c’est vous-même.

C’est ça qui est à regarder.

Car tout part de là, et pas de l’autre.

La thérapie de couple invite alors à briser ce cercle vicieux. Entendre ses émotions, les écouter, en prendre connaissance. Une fois cela fait, c’est presque une formalité de les partager de manière consciente à l’autre. On ne lui en parle plus sans savoir de quoi on parle. On ne lui en parle plus de la façon accusatrice dans laquelle il lui est impossible de se reconnaître.

En résumé, la thérapie de couple est bien plus qu’un travail sur la relation : elle invite à un voyage intérieur, un chemin vers soi et ses émotions. Ce n’est qu’une légère variante de la thérapie individuelle.


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