La décision de commencer une psychothérapie n’est pas anodine. Bien souvent, elle est ambivalente. Malgré le désir (et les promesses) d’aller mieux, une crainte est que la psychothérapie soit une expérience déstabilisante.
En l’occurrence, cette décision peut faire éprouver un mélange de désir et de peur, à savoir le désir de transformation et la peur de l’inconnu.
Ces émotions semblent toujours contradictoires à première vue. Mais elles sont une indication sur ce qui nous habite. Et constituent souvent le point de départ du travail thérapeutique.
En un mot, quand on hésite à commencer une psychothérapie, et qu’on a de forts doutes, on est tout à fait dans la norme.

Commencer une psychothérapie malgré les résistances

Lorsqu’une personne prend rendez-vous pour une première séance, un engagement mutuel se formalise par un double accord :
. un « oui, je prends rendez-vous » exprimé par le patient, qui déclare son désir de transformation,
. et un « oui » de la part du psy, qui prend acte de ce désir et confirme sa disponibilité pour le soutenir jusqu’à sa concrétisation.
Mais parfois cet engagement se heurte à des résistances de la part du patient : peur de ne pas y arriver, de ne pas trouver les réponses espérées, peur d’investir trop de temps et d’argent dans une démarche dont l’issue est incertaine. Pour certains, la tentation est alors forte d’annuler la première séance.

Si l’inconnu est effrayant, c’est qu’il est porteur d’un potentiel de connaissance de soi

La peur coexiste avec le désir. Elle ne le nie pas : elle l’accompagne.
De ce fait, quand on dit qu’on a le désir de « X », on peut souvent entendre derrière ce désir une peur de « Y ». Et inversement.
L’exemple le plus courant à se sujet se trouve fréquemment dans la première séance de la personne qui commence une psychothérapie : « Une des raisons pour lesquelles je viens vous voir c’est que je ne sais pas pourquoi je reste avec mon partenaire. Est-ce que j’ai vraiment le désir d’être avec lui, ou bien c’est seulement la peur d’être seul ? »
Appréhendée comme une contradiction, cette coexistence est pourtant, justement, une porte d’entrée en soi-même.
Car elle nous invite à porter notre regard vers une réalité : le fait que nous ne sommes pas « un » – un bloc de logique, de désir cohérent et de sens.

Être un système logique et cohérent est pourtant ce que nous revendiquons farouchement.
Mais si nous le revendiquons si fort, c’est l’indication que nous ne le sommes pas. Car si nous étions logiques, cohérents et sensés, nous n’aurions pas besoin de le défendre face à l’opinion contraire d’autrui.
Or c’est ce que nous faisons sans cesse lorsqu’un autre attaque cette image que nous avons de nous-même : que ce soit notre partenaire qui nous trouve égoïste, un inconnu au volant qui nous traite d’imbécile ou une autorité morale qui nous soupçonne d’avoir commis une faute.

La revendication d’une image de nous-même est ce qui nous rend malade

Nous défendons une image de nous-même, unifiée, une, cohérente, sensée, morale, logique… croyant que cette image est ce que nous sommes, et que nous devons défendre ce que nous sommes. En d’autres termes, nous sommes malades de savoir ce que nous sommes (croyons savoir).
C’est d’ailleurs à la fois ce qui nous pousse à commencer une psychothérapie (pour guérir de cette maladie) et ce qui nous fait y résister (parce que nous voudrions continuer à être – et défendre – ce que nous croyons être).

Nous savons qui nous sommes, nous savons qui est notre compagne ou notre compagnon, nous savons quelle est notre relation amoureuse ou amicale, qui est notre voisin, qui sont nos parents, nos amis, nos ennemis, notre gouvernement, l’origine de nos blessures, l’origine de nos comportements, le sens de la vie, le but inavoué d’un tel, les intentions cachées de tel autre, etc.
Nous sommes malades de croire que nous savons, et c’est ce qui nous enferme dans une vision de laquelle nous ne nous sortons pas. Une vision faite de ce que nous savons (croyons savoir).

Commencer une psychothérapie entre certitudes et inconnues

En débutant une psychothérapie, on ne sait pas grand chose de ce qui nous attend. Mais une chose est sûre : il ne s’agira pas d’acquérir un nouveau savoir, autrement dit une nouvelle image. Il s’agira de s’offrir la possibilité d’un regard différent sur soi-même, sur les autres, sur le monde.
Mais il est très difficile de comprendre à l’avance ce que ça peut bien signifier, « un regard différent », puisque nous cherchons le sens de cette expression dans ce que nous savons déjà – ce qui est connu.
C’est aussi la raison pour laquelle ce regard différent émerge difficilement lorsqu’on est seul, car on se fait ses propres réponses à ses propres questions, de sorte qu’on ne sort pas de ce qu’on connaît.
Seul, on sort difficilement du connu. On tourne en rond dans ses propres certitudes, qui nous renvoient perpétuellement l’image d’un monde confortable et connu.

La psychothérapie est a contrario une démarche de découverte, où le savoir, la croyance au savoir, et la revendication d’une image cèdent la place à l’inconnu.

C’est un espace d’exploration et de transformation.

Alors bien entendu que la peur est convoquée tout autant que le désir. Peur et désir sont des mouvements de vie en nous. Ils pointent en nous des parties que nous avons enfouies au nom d’images et d’idéaux à revendiquer.

On comprend que le chemin puisse sembler intimidant.

Et passionnant.


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