Comment s’en sortir ? — Acte III

La question est légitime.
Mais il ne suffit pas de poser la question pour avoir la bonne réponse. Il semblerait que l’endroit même où l’on cherche est essentiel pour obtenir une réponse. Si l’on veut trouver de l’eau, on n’ira pas chercher dans le désert.
Où donc chercher la réponse à la question «Comment s’en sortir ?» ? Ou, plus précisément :

Où trouver des réponses… ?

Certains patients posent la question directement : « Comment m’en sortir ? ». Pour d’autres il s’agit plutôt de me demander : « Comment trouver les réponses à ses questions ? »… Dans les deux cas, je les invite à regarder à quel endroit ils cherchent.

Faire une psychothérapie n’est pas faire de la philosophie. Mais par certains côtés ces deux activités humaines ont des traits en commun. Elles regardent toutes les deux en direction de la liberté.

L’hypothèse est que nous ne nous « en sortons pas », autrement dit que nous restons prisonniers d’une situation difficile, parce que nous cherchons des réponses dans les éléments connus que nous avons à notre disposition.

Les éléments « connus », ce sont les éléments de la mémoire, de l’apprentissage, de l’éducation, de la publicité, de notre culture, de notre société, de notre milieu…

Or ce sont justement ces éléments connus qui nous ont menés jusqu’à l’endroit où nous nous trouvons quand nous nous demandons : comment s’en sortir ?

Ce sont eux qui créent, à notre insu, les éléments du problème duquel nous aimerions sortir.

Regarder là où « ça » regarde…

Mettre de la lumière sur ces éléments « connus », c’est mettre de la lumière sur la façon dont nous fonctionnions.

En mettant en lumière la manière dont nous fonctionnions, nous découvrons que nous ne voyons pas « soi-même », « les autres », « le monde » pour ce qu’ils sont mais à travers un filtre.

En mettant en lumière ce « filtre », nous découvrons que nous sommes le plus souvent en rapport non avec « soi-même », « les autres », « le monde » mais avec ce filtre.

Pour nous « en sortir », il nous faut regarder ce filtre. C’est lui le créateur des problèmes, non « soi-même », non « les autres ».

Pour nous « en sortir », nous devons « entrer » dans notre fonctionnement intime, c’est-à-dire en prendre connaissance.

Les « réponses aux grandes questions de la vie » ne sont pas à l’extérieur. Mais nous avons appris l’inverse.

Un renversement est nécessaire.

La liberté est à ce prix. Mais il n’est pas très cher.

Une approche différente ?
Oui. Un renversement. Du regard.